Travaux : Jacques Laurence : 2021

Comment le château de Launoy-Renault fixa la destinée du château de Villiers-les-Maillets,

Deux châteaux face à face, distants à vol d’oiseau de 2 km et de 3,2 km par les chemins vicinaux.

Villiers-les-Maillets :

En 1819, le château de Villiers les Maillets appartient à la marquise de Flamarens, Elisabeth-Olympe-Louise-Armande du Vigier.

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Elle l’a acquis en 1804 de la succession d’Antoine comte Daguin de Villette qui décéda le 22 septembre 1803 et qui avait fait construire le château actuel en 1775 par l’architecte parisien Firmin Perlin.

Launoy-Renault :

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Le château voisin de Launoy-Renault appartient alors à Daniel-Marc-Antoine-Frédéric Chardon.

Il s’en est rendu acquéreur, en 1803, lors de la vente des biens nationaux, le propriétaire Armand Jean comte d’Allonville ayant émigré en Angleterre où il décèdera le 24 janvier 1811, comme l’évoque Pascal Tramaux dans son ouvrage « Histoires Familiales » dont l’ancêtre Nicolas André (1772-1833) vécut à cette époque sur les terres de Launoy-Renault.

(Un mariage briard au temps passé).

Daniel-Marc-Antoine-Frédéric Chardon sera maire de Verdelot de 1807 à 1809 puis de 1811 à 1830, à la suite de monsieur Louis Bechard ; son successeur sera, le 11 septembre 1831, Pierre Stanislas Hauclerc, marchand.

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Royaliste ardent, éperdument bon, Chardon était membre de la Congrégation depuis 1808. Anglicane, sa femme avait été convertie au catholicisme par Monseigneur de Quélen et par l’abbé Legris-Duval son ami.

Sa sœur, Marie-Adélaïde Chardon épousa Germain-Gaston-Maurice Le Mastin le 24 janvier 1785, le contrat ayant été conclu le 14.

L’allée privée, au départ de Villiers-les-Maillets, reliait les deux châteaux :

Les terres de « Launoy-Regnault » venaient côtoyées celles de Villiers-les-Maillets, les deux propriétés s’imbriquant l’une dans l’autre pour ne plus former, un peu plus tard, qu’un ensemble familial ; toutefois, sur un plan patrimonial, les deux châteaux restèrent toujours indépendants.

En longeant l’étang de Villiers-les-Maillets, sur la gauche, une allée bordée d’arbres menait directement au château de Launoy-Renault ; les familles des châtelains pouvaient aisément se rencontrer et leurs relations privilégiées de voisins se transformèrent en relations amicales.

C’est cette allée que devaient emprunter tour à tour la marquise de Flamarens et Daniel-Marc-Antoine-Frédéric Chardon Frédéric Chardon, avec son épouse Sarah Backshell, lorsque les châtelains se recevaient.

C’est lors de ces visites que la marquise rencontrait Marie Adélaïde, la sœur de Daniel-Marc-Antoine-Frédéric qui avait quitté depuis longtemps le château pour épouser en 1785 Germain Gaston Maurice comte de Mastin. C’est également lors de ces réceptions que la petite-fille de la marquise et le fils de Marie-Adélaïde firent tout naturellement connaissance.

La petite-fille de la marquise de Flamarens s’est éprise du comte de Mastin,

Elisabeth-Caroline Barnet (1801†1865) est la fille d’Isaac-Cox Barnet (1773†1833), Consul des Etats-Unis à Paris et de Charlotte dite Genêt-Saunier, fille de la marquise de Flamarens.

Le jeune comte de Mastin viendra de plus en plus souvent rendre visite à son oncle, Daniel-Marc-Antoine-Frédéric Chardon ; les châtelains voisins s’entendaient fort bien ce qui facilita les rencontres.

La petite fille de la marquise, s’est alors éprise du neveu des propriétaires du château de Launoy-Renault, Philippe-Auguste-Armand-Maurice comte de Mastin, né en 1780.


Le futur châtelain de Villiers-les-Maillets.

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En 1802, le 29 mai (9 prairial an X), Philippe-Auguste-Armand-Maurice entre dans la marine militaire. En 1809, il sert sur le vaisseau le ‘’Charlemagne’’ en qualité d’enseigne et ce, jusqu’en 1814. En 1816, il est lieutenant de vaisseau. Le 22 août 1819 l’une des plus grandes distinctions de l’époque : il est nommé Chevalier de l’Ordre Royal et militaire de Saint-Louis.

Le 3 août 1819, la marquise de Flamarens donne son accord pour le mariage de sa petite-fille Elisabeth-Caroline.

Elle adresse la lettre suivante du 3 août 1819 au futur époux qui va sur ses quarante ans, la future mariée n’ayant bientôt que 19 ans attestant de l’autorité morale que la marquise détenait sur Elisabeth-Caroline, « ma Caroline, « mon enfant » :

« Caroline m’est arrivéee hier de paris monsieur, m’apportant le consentement de M barnet qui l’a écrit à monsieur votre père. Le consentement n’a été retardé que parce que lui et made barnet tenaient absolument à la voir ; pardonnez moi d’avoir été la cause de ces longueurs, en perdant du tems, à les engager de venir ici, ce qu’ils n’ont pu faire, enfin tout est décidé comme je le désirais et j’ai un grand plaisir à vous le dire. J’espère voir bientôt mr et mde de mastin, nous conviendrons ensemble de l’époque, que je souhaite autant que vous d’abréger mais cependant prenez patience, j’ai bien des arrangements à faire qui prendront du temps, et malgré tout mon désir de termi,ner il me faudra je crain plusieurs mois.
Vous allez me trouver bien sévère, je refuse votre correspondance avec ma caroline, qui sera bientôt la votre, en y réfléchissant cependant, vous conviendrez que j’ai raison.
Soyez tranquile, vous trouverez en elle, amitié, confiance déférence, raison, esprit naturel, cœur excelent, et j’espère que vous aurez en elle une excelente compagne, mais éloignons toute idée de roman. Si vous m’en croyez vous ne la reverrez qu’au moment du mariage lorsque je vous remettrai tous mes droits sur elle, en vous priant de ne la pas trop gater, ce à quoi vous me paraisser tous disposé, mais alors je n’aurai plus rien à dire.
Je ne lui ai pas fait voir vos compliments, ne lui ayant pas dit que vous m’aviez écrit, je serai charmée de recevoir de vos nouvelles, et pour que je puisse lui monter vos lettres, écrivez en conséquence, et soyez bien sur que je suis aussi pressée que vous, de voir assurer le bonheur de mon enfant, qui me parait certain, par une union qui me rendra heureuse et me donnera un fils d’adoption. J’espère vous inspirer ce sentiment.
Made saunier très rassurée sur vos habitudes marines est très aise du consentement donné par son beaufrère et sa sœur qu’elle a meme haté, je ne lui ai rien dit non plus de votre lettre.
Recever Monsieur les assurances de mon désir de pouvoir le plutôt possible, vous donner un nom plus tendre et de… d’un compliment en attendant j’ai l’honneur d’être monsieur votre très humble et très obéissante servante.
Du Vigier Mise de Flamarens

Par contrat de mariage passé le 30 décembre 1819 chez maître Gaillet, notaire à Villeneuve-sur-Bellot, la marquise de Flamarens fera donation de son château à Elisabeth-Caroline qui habite la propriété avec elle depuis l’âge de trois ans ; il constitue ainsi sa dot et est évalué à 80.000 francs ; la terre de Culoison qui constituait la quatrième ferme du château de Villiers-les-Maillets ne fait pas partie de la donation et reste la propriété de la marquise.
Car tel était le souhait le plus cher de la marquise de Flamarens qui, au soir de sa vie, le renouvellera dans son testament :

« ... Ayant élevé et aimé comme si elle était ma fille dès son enfance, madame Elisabeth Caroline Barnet, comtesse de Mastin, et lui ayant assuré par son contrat de mariage, le château et la terre de Villiers les Maillets après moi, m’étant réservé le mobilier et le reste des biens que je possédais. Je donne et lègue à Madame Elisabeth Caroline Barnet, comtesse de Mastin, tous les biens et meubles, immeubles, droits, noms raisons et actions que je possède ou possèderai lors de mon décès, me dessaisissant de tout entre les mains de la nommant mon héritière universelle et ma légataire universelle pour par elle en jouir et administrer...
Fait à Villiers les Maillets le vingt neuf mars mil huit cent vingt neuf »
Signé : Elisabeth-Félicité-Louise-Armande-Félicité du Vigier, marquise de Flamarens.

Le contrat de mariage est passé le 30 décembre 1819.

Il est signé au château de Launoy-Renault, chez l’oncle et la tante du futur marié.
Ce contrat est annexé à la fin de ce chapitre.

Le mariage religieux aura lieu quelque temps plus tard, au premier trimestre 1820.

Caroline Barnet devient comtesse de Mastin et nouvelle propriétaire de Villiers-les-Maillets,

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Les présents au mariage :

Le comte de Mastin sera maire de Saint-Barthélemy de 1826 à 1848.

La comtesse de Mastin décèdera en son château de Villiers-les-Maillets le 15 juillet 1865 et son époux la suivra le 19 mai 1868 ; leur fille Alix deviendra alors la propriétaire de Villiers-les-Maillets : une autre page d’histoire.

La famille Chardon :

Daniel Chardon
†1714 Marie Anne Caillard
†1733 Frédéric Pierre Léonard
†1712 Marie Anne des Essarts
1670-1706

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Daniel Chardon
†1744 Marie Anne Léonard
1690-1733

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Daniel Marc Antoine Chardon
1731†1801 Catherine de Maupassant
1750†1780

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Marie Adélaïde Chardon Daniel Marc Antoine Frédéric Chardon

1768†1855 1772†1830
Mariée le 28 janvier 1785 Marié en1799
avec Germain Gaston Maurice de Mastin avec Sarah Backshell

1759†/1823 1778†1856
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Philippe Auguste Armand Mauricede Mastin
1780†1868
marié avec Caroline Barnet
1801†1865

La famille de Mastin :

Gabriel Le Mastin

x 1535
Jeanne Le Roux de la Roche des Aubiers


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Claude Le Mastin
x 1575
Jeanne de Barbezières de Bourgon

†1621

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Charles Le Mastin
†1692
Jeanne Tusseau de Maisontiers

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Henri Le Mastin
†1692
x 1634 Anne de Chesnel d’Escoyeux
ca 1615†1668

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Claude Le Mastin
†1692
Marie Anne Tuffet

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Philippe Auguste Le Mastin
1680†/1757
x 1718 Gabrielle
Catherine de Viaud d’Aignes

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Pierre Auguste Anne César
Comte de Mastin
1721†1784 Marie Madeleine Le Franc des Essarts
†1760/

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Germain Gaston Maurice de Mastin
1759†/1823 Marie Adélaïde Chardon
1768†1855


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Philippe Auguste Armand Mauricede Mastin
1780†1868
marié avec Caroline Barnet
1801†1865

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